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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 09:00

Impression mitigée pour le livre qui a reçu le Prix Femina cette année : La vie est brève et le désir sans fin, de Patrick Lapeyre, édité chez P.O.L.

lapeyre.jpgLouis aime Nora. Murphy aime Nora. Nora oscille de l'un à l'autre, sans jamais s'expliquer. Elle court de Paris, où vit Louis, à Londres, où vit Murphy.

Les deux hommes se partagent le roman, comme ils partagent le même amour. Mais les deux hommes sont aussi des êtres partagés. Entre désir et réalisme, entre rêves et réalités. Entre deux femmes aussi, pour Louis.

Le vrai héros du livre - au delà de l'amour et du désir - c'est Louis. Louis Blériot, comme l'aviateur ; mais là s'arrête la comparaison, parce qu'avec une sourde ironie, Patrick Lapeyre fait de son héros un homme dépassé, lâche et faible.
Tenaillé par le désir de Nora, mais effarouché par ses départs et ses retours sans fin, il ne parvient pas à quitter sa femme, qui prend conscience petit à petit de la pesanteur de ce mariage. Il ne parvient pas à la quitter, et ne parvient pas à lui être fidèle. Il court, sous la pluie bien souvent, d'un foyer à un amour.

Lâche, il l'est aussi dans sa relation à ses parents, qui viennent apporter une version vieillie d'un amour totalement râté. Le père est oppressé par la mère tyrannique et lentement en train de basculer dans la folie. Cet homme, qui fut brillant, est contraint de se réfugier dans son sous-sol pour échapper à son bourreau domestique. Une vie gâchée, en somme...

Et puis il y a Nora. Nora qui se révèle au fur et à mesure que ses deux hommes nous livrent leurs attentes et leurs désespoirs. Nora, la belle, la fugace, l'insaisissable. Nora, la déroutante ; que l'on voit tranquillement se mentir, espérer, fuir et réapparaitre ; que l'on voit surtout basculer, au rythme de ses allers-retours entre Paris et Londres, dans une indécision totale, qui lui fera beaucoup de mal.patrick.jpg

Patrick Lapeyre écrit le désir des hommes pour la femme aimée et qui leur échappe. Il teinte son roman d'une ironie légère, particulièrement quand il parle de son héros Blériot.

Alors pourquoi impressions mitigées ? Parce que sans doute je suis restée quelque peu en dehors de ces désirs masculins. En dehors aussi du personnage de Nora, qui n'a pas su trouver grâce à mes yeux. Mais je reconnais à Patrick Lapeyre une très belle qualité d'écriture, et un rythme lancinant dans son roman. Et puis ces moments de la vie quotidienne, où l'amour et le désir sont interrogés, font ressurgir pour chacun d'entre nous je pense, des images que l'on préfererait oublier, enfouir. Et rien que pour cela, ce roman mérite d'être lu !

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