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27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 09:56

"Je ne cherche pas l'amour. Je cherche la consolation. Le réconfort pour tous ces pays que nous perdons depuis le ventre de notre mère et que nous remplaçons par des histoires, comme des enfants avides, les yeux grands ouverts face aux conteurs."

parle-leur.jpgMichel-Ange Buonaroti - Michelangelo - a vingt-neuf ans quand, en disgrâce avec le Pape Jules II, il embarque pour Constantinople en réponse à l'invitation de Bayazid. Motif de cette invitation : construire un pont sur le Bosphore. Un pont nouveau, symbole de la grandeur du Sultan, un pont visionnaire, élégant, magistral.
Michelangelo est celui qui est le mieux armé, semble-t-il, pour cette oeuvre. riche de sa renommée florentine après le fulgurant David, il n'imagine pas, sur le bateau qui l'emporte, que ces quelques mois vont orienter sa vie à jamais. Il n'imagine pas que ces quelques jours passés sur les rives de l'Orient vont placer tous les éléments du chef-d'oeuvre qu'il n'a pas encore réalisé et qui fera sa gloire : le dôme de la Chapelle Sixtine.
Arrivé sur place on lui fournit tous les éléments propices à sa réussite : un guide poète Mesihi, Manuel qui lui fera la lecture de contes orientaux, et le dessin du pont signé Leonard De Vinci, refusé par le Sultan ; surtout on lui offre l'éloignement nécessaire d'avec l'Italie, où il vit en disgrâce, obligé de mendier des miettes d'attention des puissants.
Mais rapidement une certaine langueur va s'installer, nécessaire à la maturation de son ouvrage, et Michelangelo se retrouve confronté à lui-même ; aux désirs enfuis qu'il n'arrive pas à assouvir. Désir pour cette chanteuse andalouse, qui lui parle la nuit, de sa voix suave et exténuée ; désir pour Mesihi, qu'il n'arrive pas à mettre en mots, et qui le consumme peu à peu.
Il rentre bientôt à Florence. Le pont sur le Bosphore n'existe pas.

mathias_enard.gif

 

 

Mathias Enard, à partir de quelques faits historiques incontestables, interroge ici les ressrts de la création : l'amour, le désenchantement, l'orgueil de la quête de la gloire.
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants est la vision d'un artiste sur la beauté, la puissance de l'acte de création.
A l'image de Michelangelo et de sa passerelle entre deux mondes, l'Orient et l'Occident, Mathias Enard, par son conte, jette un pont entre cinq siècles et deux atristes.

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commentaires

S
<br /> Pour une vraie critique de ce livre, voir lien.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Classe !!<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Je viens de le terminer mais je dois avouer que je me suis un peu ennuyée. Peut-être parce que je venais de terminer un roman un peu dans la même veine : Zorah sur la terrasse, qui nous parle de<br /> Matisse et de ses séjours à Tanger... Dans les deux cas, les auteurs parviennent à recréer les atmosphères de ces deux pays, mais... mais je ne sais pas, il manque quelque chose pour se laisser<br /> totalement embarquer dans la vie de ces deux artistes.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> C'est l'atmosphère, la langueur, que j'ai beaucoup aimé dans ce livre. Il y a quelque chose "d'oriental", une certaine lascivité, qui me plait pas mal !<br /> <br /> <br /> Cela dit, en effet, on est pas "embarqué" ; reste une certaine distance avec Michelangelo. Volontaire de la part d'Enard, il me semble.<br /> <br /> <br /> <br />

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