Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 11:13

Fabrice Vigne et Jean-Claude Mourlevat !

Deux auteurs que je peux lire et relire sans jamais me lasser !

Deux auteurs qui pincent en moi une corde qui résonne !

Le premier est un véritable conteur et sait m'embarquer dans des histoires qui m'accrochent de suite !

Le second me touche parce que, derrière ses mots qui ne sont jamais creux, je sens la richesse des questions essentielles !

Lisez "Terrienne" de Jean-Claude Mourlevat ainsi que"Jean premier le posthume" suivi de "Jean II le Bon" de Fabrice Vigne ! Vous sortirez heureux et en paix avec vous-mêmes de cette lecture ! Que demander de plus !

 

terrienne-copie-1.jpg

 

Dans "Terrienne", on se dit finalement qu'on est bien sur notre planète terre avec ses couleurs, ses odeurs, ses saveurs, ses imperfections, et ses fantaisies ! qu'on a tendance à oublier cela et qu'il est parfois bon de se le rappeler comme il est bon de prendre conscience du flux de notre simple respiration ! "La brise légère, le parfum de la terre, la rosée sur mes chevilles m'ont donné la même émotion que la fois précédente. On devait brûler des broussailles, quelque part, et j'ai aimé l'odeur âcre de la fumée dans mes narines. J'ai aimé la chaussée inégale. J'ai aimé le morceau de fil de fer accroché à une barrière. J'ai aimé jusqu'au hérisson écrasé sur la route !"

 

jean2.jpgDans les romans de Fabrice Vigne, on comprend (au travers de trois enfants qui deviennent trois adolescents) que l'écriture n'est pas une affaire de documentation, ni une affaire de temps, ni une affaire d'imagination, ni une affaire de culture, ni une affaire de méthode, ni une affaire de vécu, ni une affaire de malheur (ou de bonheur), ni une affaire de matériel, ni une affaire de public, non, l'écriture, c'est juste une affaire d'écriture !!! "c'est un truc qu'on fait. Ou qu'on ne fait pas. Une fois qu'on l'a fait, il est là. Rien d'autre. Et quand on ne l'a pas fait, il n'y a rien. C'est comme l'amour. Quand on aime, on ne se demande pas s'il manque ceci ou cela. On fait, et d'un seul coup l'amour est là, avec soi. La création, c'est pareil. Créer, c'est ajouter quelque chose qui n'existait pas. Pour écrire un texte, il suffit de l'aimer suffisamment pour avoir envie qu'il existe !"

De l'amour, de l'écriture, de nos rêves, de la vie que l'on s'invente à soi-même, voilà ce dont ces deux auteurs nous parlent, toujours avec honnêteté, tendresse et humour !

A moi, ils me font du bien !

Partager cet article
Repost0
27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 10:06

On continue dans ce qui va devenir la célèbre chronique sur le "Festival de poésie"...
Comme nous vous l'annoncions il y a quelques jours, un bel événement se prépare dans les coulisses de la bibliothèque pour le mois de décembre prochain.

Et une étape importante vient d'être franchie en fin de semaine dernière, lors de la réunion du comité de pilotage.
Il s'agissait - entre autres - de déterminer quel serait l'auteur qui serait choisi pour la "résidence" à Landivisiau.

Une "résidence d'auteur", qu'est-ce que c'est ? Et bien, c'est un artiste (poète, mais aussi écrivain, dramaturge, musicien, que sais-je encore...) qui prend possession du territoire et qui profite d'une immersion dans le monde culturel local pour s'inspirer dans sa création. Autrement dit, un poète qui s'installe pour un mois dans notre bonne ville, qui écrit, en vous regardant, et qui va à votre rencontre, dans les classes, en librairie, à la bibliothèque, au café du coin.

Et on peut dire que pour cette première, nous sommes vernis !

La poète qui passera tout ce mois de novembre avec nous est terriblement talentueuse, et pour lui avoir parlé un peu ces derniers jours, charmante, enthousiaste, avide de rencontre... Il s'agit d'Isabelle Damotte, éditée chez Cheyne éditeur (rien que ça !). Son nom ne vous dit peut-être rien ; le monde de la poésie est tout de même assez confidentiel, mais croyez moi sur parole (et ayez confiance dans le comité de pilotage), ses textes vous toucheront comme ils l'ont fait avec nous ; et sa gentillesse finira de vous convaincre que nous allons partager de beaux moments d'émotions pendant ce festival.

Isabelle Damotte est l'auteure de deux textes (magnifiques, forcément magnifiques) : "On ne sait pas si ça existe les histoires vraies", et "Frère", sorti tout récemment.

Je lui laisse la parole, cela vaut tout les discours du monde.

cheyne.gif"On ne sait pas si ça existe les histoires vraies".

Je m'appelle Judith, j'ai trois ans,
Ma mère est belle, ses yeux sont verts.
La nuit mon père galope sur un grand cheval noir.

Je déroule le ruban posé sur la table,
mes doigts caressent le chemin des fils rouges.
Maman coupe le ruban et coud les morceaux séparés
sur mes vêtements.
Les vêtements propres, repassés, attendent sur la table.
Il est tard, moi aussi on me plie sous les draps et on me borde bien serrée.

Partager cet article
Repost0
24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 09:00

jean-claude-lalumiere_le-figaro.jpgDans le cadre du Prix Cezam des lecteurs du nord-Finistère, l'équipe de la bibliothèque a le plaisir de recevoir Jean-Claude Lalumière, pour son roman "Le Front Russe".
arton19008-dd495Cette rencontre aura lieu jeudi 26 mai à 18h30, à la bibliothèque.

Que vous ayez lu ou non ce livre, que vous participiez ou non au Prix Cezam, une rencontre avec un auteur est toujours un moment riche en émotions.

Vous pourrez poser toutes les questions qui vous ont traversées l'esprit à la lecture de ce roman, souvent drôle et parfois désespéré.

C'est toujours pour nous un beau moment d'échange, grâce à votre présence, et grâce à la formidable energie que déploie chaque année l'animatrice de ce prix, Amélie Berthélémé.

En supplément, le lien vers le blog de Jean-Claude Lalumière, pour ne rien ignorer de l'auteur !

Partager cet article
Repost0
23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 09:00

Il y a comme un parfum de mystère à la bibliothèque... quelques articles dans le Télégramme, des photos de votre serviteur posant à côté de la statue de Xavier Grall, des heures de réunions, des "comités de pilotage", des stagiaires besogneuses qui se prennent la tête à deux mains, des coups de téléphone aux quatre coins de la France...

Mouais, c'est louche !

Et si on vous dévoilait ce qui se trame dans les coulisses de la bibliothèque et de l'Espace Lucien Prigent ?

Je me lance, j'ai même pas peur : à l'occasion du 30ème anniversaire de la mort de Xavier Grall, la Ville a souhaité "fêter" l'événement... et crée le 1er Festival de Poésie et d'arts contemporains, au mois de décembre 2011. Oui, on a le temps, vous me direz... et bien, non, pas vraiment !

Une semaine de festivités : des rencontres, des lectures, un Prix Jeunes Lecteurs de poésie, des concerts, des ateliers de création, du slam, et puis quoi encore ????
Ah oui, une résidence d'auteur durant un mois à Landivisiau, et puis des plasticiens en tous genres, et de la poésie, de la poésie, de la poésie !!!

C'est un choix risqué, et un engagement fort que prend la Ville de Landivisiau, avec cette aventure autour de la poésie. Peu de collectivités, en ces temps de "crise" se risqueraient à parier sur le pouvoir des mots, et la force de l'art pour créer du lien et du sens.

Au fil des quelques mois qui nous séparent de ce grand rendez-vous, nous vous tiendrons informés par ce blog, mais aussi dans la presse, des avancées du projet, de la programmation qui se monte, des espoirs qui nous portent et des angoisses qui nous assaillent... Nous attendons des réactions de votre part, des suggestions aussi... et si vous connaissez un poète au coin de votre rue, n'hésitez pas à nous le faire connaitre ! Toutes les énergies seront nécessaires pour faire de ce premier festival un rendez-vous que vous attendez et qui vous enchantera !

Partager cet article
Repost0
18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 09:00

mathias-enard-M51760.jpgJe viens de lire un très beau texte, publié aux éditions Inculte, de Mathias Enard, joliment titré "L'alcool et la nostalgie".
Le titre d'Enard est directement inspiré d'une formule de l'auteur russe Tchékov : "Cette fameuse âme russe n'existe pas. Les seules choses tangibles en sont l'alcool, la nostalgie et les courses de chevaux."

C'est sous ce parrainage que Mathias Enard rédige un texte sublimement inspiré par le Transsibérien.

Mathias, le personnage principal, retourne en Russie après une sonnerie de téléphone en pleine nuit, de celle que l'on redoute, et l'annonce par Jeanne, son amour éxilée, de la mort de Vladimir. Vladimir, le troisième, le centre, d'un trio amoureux, et désespéré.

Le temps de cette interminable traversée de la Russie, pour gagner la Sibérie, et rendre le corps de Vladimir à son village natal, Mathias, les yeux perdus dans le paysage qui tarde à défiler, se remémore leurs vies communes, leurs déchirures, leur amour au delà du dicible. Il se rappelle aussi ce qui les a séparés, ce qui les a liés, la drogue et l'alcool ; l'amour et la jalousie ; l'âme russe et sa littérature.

Il fallait la mort de Vladimir pour que les souvenirs enfin puissent se dire ; pour que les personnages finalement s'écroulent ; s'écroulent sous le poids de la douleur, de la nostalgie de la littérature russe, de l'incapacité à écrire le désarroi, le manque de puissance dans ces mots qui le laissent seul, décontenancé, avec sa tristesse insurmontable. Il fallait cette mort pour parvenir à se détacher de leur histoire commune.

Mathias Enard, en quelques pages, avec cette histoire condensée, ramassée, réussit un récit magique, où la lenteur nous gagne, où l'on voit passer les siècles et les saisons, les kilomètres et les litres d'alcool avalés pour tenter l'impossible : noyer les regrets et les lâchetés.

Partager cet article
Repost0
17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 10:30

LOGO.jpgCe 17 mai est une journée de lutte : il s'agit de la journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie.

Si vous résidez à Brest, et que vous souhaitez vous joindre au rassemblement, organisé par quelques associations de droits des homosexuels et transexuels, mais aussi des associations pour les droits des femmes, le rendez-vous est fixé ce soir à 18h00, place de la Liberté pour le rassemblement.

Une journée d'accueil et d'informations est organisée tout ce jour par les antennes brestoises des associations "Rainbow" et "Young Rainbow". C'est sur la place de la Liberté, jusqu'à 16h00.

Pour toutes informations utiles, pour aujourd'hui et pour la suite : le site "Egalité Femmes Hommes Brest", et celui de Young Rainbow Brest.

Nous souhaitons vous voir nombreux ! Bonne journée de lutte !

Partager cet article
Repost0
22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 10:36

Un livre violent aujourd'hui.
Eleonore Mercier, publie chez P.O.L, un "recueil" de premières paroles entendues lors de permanences d'accueil de femmes en situations de detresse et de danger.
Un livre qui fait mal ; mal à la société, mal à l'humanité. Un livre nécessaire.

"Mon mari me tape, je suis enceinte et j'ai déjà perdu le premier sûrement à cause de lui."

"Je vous appelle parce que mon concubin m'a tapée plus que d'habitude."

"Je suis une femme parmi les femmes battues."

"Mon mari est violent, je me demande parfois si je n'y suis pas pour quelque chose."

"Mon mari a eu un geste malheureux."

"Je suis chez moi, dans l'enfer."

"J'ai un petit problème comme beaucoup de femmes."

"Je suis un homme, ça ne doit pas vous arriver souvent."

"Est-ce que le viol entre époux est considéré comme un viol ?"

"Mon mari m'appelle en claquant des doigts."

"Je suis complètement battue."

Partager cet article
Repost0
18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 09:00

bandeau-chap.jpgA Langueux, 4ème édition du Festival de Cirque "Tant qu'il y aura des mouettes" ; et c'est pas peu dire qu'on l'attend !!

affiche_mouettes_2011.jpgAu programme de ce week end virevoltant, émouvant, et toujours franchement convivial : de nombreuses compagnies de cirques, venues présenter de ombreuses créations... on retiendra surtout le projet "Pétaouchnok" par la Compagnie Galapiat (parce que j'ai eu la chance de les rencontrer, et de mettre à l'épreuve leur sensibilité, leur générosité, leur gentillesse, et leur talent certain pour la vaisselle pour 150 personnes !) (parce qu'il sont sans aucun doute la meilleure administratrice du monde, j'ai nommé Lucile) (parce que vous allez succomber à la sublime Elice) (parce que les gars, ils sont vraiment à tomber) ; mais aussi des concerts, Sanseverino, entre autres... , et puis des temps d'échanges sur les pratiques artistiques en milieu hostile, des moments de ballade, de bullade, des terrains de jeux, de la chanson, de la danse, de la joie, un grand pré, et au détour d'un chemin, derrière un chapiteau, Kindita en sourire et en émerveillement d'être là, encore une fois !

Bref, pour finir, comme ils le disent bien mieux que moi sur leur site internet très très bien fait : "Venez les rencontrez, vous serez conquis par l'éloquence de leur discours et par la splendeur de leur teint"...

Rendez-vous est donc pris, à Langueux, pour ce week end joyeux et un brin foutraque, du 22 au 24 avril.

Partager cet article
Repost0
16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 09:00

papinigog.jpg"Je suis honteux de dire où j'ai connu Gog : c'est dans une maison de fous."

Giovanni Papini fait bien de nous prévenir... libre à chacun ensuite de poursuivre le récit qu'il entame de cette manière. Sauf qu'après, faudra pas venir se plaindre !

Gog, la cinquantaine effrayante, pas un poil sur le corps - qu'il a gigantesque - et une déraison venue sur le tard, après la richesse accumulée rapidement et impossible à estimer, après les voyages à travers le monde, après l'usage abusif de toutes drogues imaginables. "Il faudra penser au dangereux assemblage qui était en lui : un demi-sauvage inquiet ayant à ses ordres les richesses d'un empereur, et un descendant de cannibales qui s'était emparé, sans perdre sa rudesse, du plus effroyable instrument  de création et de destruction dont dispose le monde moderne."

Vous voulez plonger avec lui ? Comme Papini, je préviens, je refuse toutes responsabilités dans les desagréments de l'âme que provoquera cette lecture !

Gog, donc, est un être pervers et cynique, ayant dans ses mains suffisement de richesses pour s'acheter le monde, littéralement. Et c'est ce qu'il va s'employer à faire. Peu enclin à l'humanisme et au respect de ses valeurs, mais fortement impressioné par toutes les gesticulations de ses contemporains dès lors qu'ils parlent d'Arts, Gog tente de palier à son inculture ; en littérature d'abord, mais son jugement, après avoir consacré quelques mois à la lecture des chefs d'oeuvres fondateurs, est sans appel : "il est très probable que, d'ici un siècle, personne ne se consacrera plus à une industrie aussi arriérée et d'un aussi maigre rapport."
La musique ? même conclusion. Le théâtre ? l'Architecture ? non, décidemment, rien ne trouve grâce à ses yeux... Alors, pour essayer d'y voir un peu plus clair, il va de rencontres en rencontres : Gandhi, Einstein, Henry Ford, dont la définition du travail à la chaine fait froid dans le dos, et rire à gorge déployé (en fait...), et ce moment où l'on apprend de la bouche de Freud lui-même qu'en réalité il n'est qu'un vieux frustré... qu'il n'avait que seule ambition de devenir écrivain.

Mais ces rencontres, qu'il décrit avec entrain, le laissent tout aussi démuni qu'au premier jour. C'est que fondamentalement, Gog n'a qu'un seul problème : il s'ennuie. Et rien ne le diverti de cet ennui. Et aucune de ses immenses richesses ne peuvent acheter un semblant d'âme. Voilà le problème de Gog, il n'est qu'une carcasse vide. Desoeuvré, totalement. Et conscient de ce désoeuvrement.

Alors, il tente de s'entourer ; va proposer un poste de secrétaire particulier, histoire d'avoir une compagnie divertissante. Il ira même jusqu'à louer les services d'un cannibale. Enfin, un peu de rêve et de sang ! Mais non, même pas. Il se résout à congédier ce cannibale, qui s'est repenti en vieillissant. Un cannibale molissant, quel intêret quand on recherche le frisson et le franchissement des barrières morales qui pourrait lui donner l'impression d'exister un peu ?

"Le vieux Nsoumbou, que j'ai pris pour me tenir compagnie, est trop mélancolique. Je ne croyais pas qu'un nègre pût, à ce point, se laisser vaincre par les remords. A force de repentir, il devient insupportable."
"Je crains que Nsoumbou ne soit retombé en enfance par l'effet de l'âge. Au plus grand étonnement de mon cuisinier, il ne mange désormais que des légumes et des fruits. La civilisation me l'a gâté ; elle l'a fait devenir humanitaire et végétarien. Je crois que je serai obligé de le congédier, au premier port où nous ferons escale."

Cynique, Gog ? Même pas. Pas vraiment. Pas plus que la société qu'il traverse et décrit. Inhumain ? oui sans doute, avec un haussement d'épaule... qui s'en soucie ?

Ce roman, écrit en 1931 par Giovanni Papini, et réédité par la (magistrale) maison d'édition Attila connait un sort particulier. Est-ce dû à la vie et la réputation sulfureuses de son auteur ? Sans doute. Papini a été de tous les retournements de veste, et rarement du bon côté... Et son ode au dictateur italien n'est sans doute pas étrangère à sa mise au ban de la littérature pendant plusieurs décénies.

Encore un qui démontre avec brio que l'on peut être une personne abject et un romancier qui frôle le génie !

Partager cet article
Repost0
15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 10:10

5knq246ylng6uujA partir du tableau d'Emmanuel de Witte, peintre hollandais du XVIIeme, Gaëlle Josse imagine le destin de la femme, centrale dans la toile, mais curieusement, représentée de dos. Avec beaucoup de pudeur et de douceur, l'auteure invente un visage à cette femme qui n'en a pas.

Magda est la fille et l'épouse d'armateurs hollandais. Première née d'une famille qui ne verra naître que des filles, son père la lie rapidement à ses affaires et à la marche du commerce des épices et des porcelaines tout autour du continent.

Le livre que l'on tient entre les mains est son journal, sa confession, rédigé pendant un mois, entre novembre et décembre 1667. Journal d'une femme qui ressent le besoin de dire, de se délivrer, de quelques sombres pensées au moment où disparaît le jour, et où la nuit gagne. Heures qu'elle regarde venir avec angoisse.

Les heures silencieuses est d'abord un livre sur la question féminine, sur la relégation des femmes à des occupations mineures. Là où Magda, intelligente, consciencieuse et travailleuse aurait pu succéder à son père, elle ne sera que l'épouse de Pieter, chargée de porter ses enfants, en tâchant de ne pas en mourir, de veiller à la bonne marche de la maison, de gérer les affaires courantes. Comme le temps a passé et que ses enfants grandissent, s'éveillant à l'amour, elle s'interroge sur ce qui fonde sa vie, ce qui lui donne sens.

Chaque détail du tableau est alors pretexte à explorer l'intime, à entrer dans la vie de Magda, sa vie de petite fille, puis de femme et de mère ; d'un peu plus près à chaque fois, toujours par touches successives. C'est ainsi que se fait jour les déceptions de cette femme, qui sans jamais se plaindre ni nourrir l'espoir de se rebeller, met à jour ses frustrations les plus vives, et les plus étouffées.

Le premier roman de Gaëlle Josse est une réussite, l'écriture y est à la mesure de cette femme sensible, qui fait le choix de poser de dos, elle à qui on a refusé un visage.

Partager cet article
Repost0

Exprimez-vous !

Donnez libre cours à votre imagination...
Ce blog est le votre, n'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires.

Musique libre - Jamendo

Archives